Grasse, située dans le sud de la France, a connu une spécialisation notable dans le tannage du cuir au Moyen Âge. Les cuirs tannés étaient exportés vers des villes telles que Gênes ou Pise, avec lesquelles Grasse avait établi une alliance commerciale solide. Au fil des siècles, cette intense activité de tannerie a été le témoin de nombreux progrès techniques, conférant aux cuirs de Grasse une réputation de grande qualité.

Cependant, malgré cette réputation, le cuir avait une odeur désagréable qui ne plaisait pas à la noblesse, qui utilisait souvent des gants en cuir. C'est à Grasse qu'un tanneur eut l'idée innovante de créer des gants en cuir parfumé. Il offrit une paire de ces gants à Catherine de Médicis, qui fut séduite par ce cadeau unique. Par la suite, ce produit se répandit rapidement à la Cour et dans les cercles de la haute société, contribuant ainsi à la renommée mondiale de Grasse.

Le XVIIe siècle marqua l'apogée des "Gantiers Parfumeurs". Cependant, les taxes sur le cuir et la concurrence de Nice eurent un impact négatif sur l'industrie du cuir à Grasse, entraînant son déclin et ouvrant la voie à l'essor de l'industrie du parfum.

Les senteurs rares et exquises du pays grassois, telles que la lavande, la myrte, le jasmin, la rose, la fleur d'oranger sauvage et le mimosa, firent de Grasse la capitale mondiale du parfum. Pendant de nombreuses décennies, le jasmin occupa une place centrale, nécessitant une main-d'œuvre considérable. Les fleurs devaient être cueillies à l'aube, au moment où leur parfum était le plus intense, puis traitées immédiatement par enfleurage à froid.

Aujourd'hui, la parfumerie demeure le principal pôle industriel de Grasse. Près de la moitié des recettes fiscales de la ville proviennent de cette industrie, dépassant ainsi le tourisme et les services. Les activités de la parfumerie à Grasse englobent la production de matières premières naturelles telles que les huiles essentielles, les huiles concrètes, les huiles absolues, les résinoïdes, ainsi que la distillation moléculaire et la fabrication de concentrés, également appelés "le jus".

Ce concentré, dilué dans au moins 80% d'alcool, permet d'obtenir le parfum final. Les arômes alimentaires ont également gagné en importance depuis les années 1970 et représentent désormais plus de la moitié de la production totale.

Le bassin grassois joue un rôle majeur dans l'industrie de la parfumerie, représentant près de la moitié de l'activité parfumerie en France et environ 7 à 8% de l'activité mondiale.

Au cours des années 1960 et 1970, de grands groupes internationaux ont progressivement racheté les usines locales familiales, telle que Chiris, Givaudan-Roure et Lautier, entraînant souvent la délocalisation de la production. Cependant, l'industrie grassoise a connu une profonde transformation, et il y a encore 30 ans, la plupart des entreprises étaient axées sur la production de matières premières.

De nos jours, la composition des parfums repose en grande partie sur des produits chimiques de synthèse, ce qui représente une grande majorité des ingrédients utilisés. Les entreprises grassoises se sont adaptées en se tournant vers l'aromatique de synthèse, notamment dans le domaine des arômes alimentaires.

Face à la concurrence des multinationales de l'industrie chimique, les industries grassoises ne peuvent rivaliser sur le même terrain, mais elles bénéficient néanmoins d'avantages significatifs tels que leur connaissance des matières premières, leurs installations spécialisées et leurs partenaires sous-traitants.

parfumeur à Grasse